La déficience visuelle


La déficience visuelle recouvre des situations très diverses et les retentissements dans la vie quotidienne sont souvent difficiles à comprendre, même pour l’entourage.

Ainsi, certaines personnes malvoyantes peuvent-elles lire de petits caractères mais avoir besoin d’une canne blanche pour se déplacer. D’autres n’éprouvent pas trop de difficultés pour se déplacer mais ne reconnaissent pas les visages. Certaines sont plus fortement gênées pour lire les gros titres des journaux que pour prendre connaissance d’une définition de dictionnaire…

Les difficultés rencontrées par la personne déficiente visuelle dépendent de la nature de la déficience, de son importance, de sa stabilité ou de son évolutivité, de l’âge auquel l’atteinte est apparue, des handicaps qui peuvent lui être associés, des mécanismes psychologiques d’adaptation de la personne elle-même… La gêne ou le handicap qui peuvent en résulter varient en fonction de l’activité et des conditions dans lesquelles elle s’exerce.

Les stratégies de compensation mises en place sont essentielles pour l’autonomie de la personne.

Les multiples définitions de la cécité et de la malvoyance ( Source : « Epidémiologie de la malvoyance et de la cécité en France, en Europe et dans le monde » - http://www.ophtalmo.net/bv/GP/IndexGP/G/Epidemiologie/epidemiologie.htm )

A- L'Organisation Mondiale de la Santé, ayant besoin de critères objectifs, a profité de la neuvième révision de la Classification Internationale des Maladies pour classer les déficiences visuelles selon l'acuité et le champ visuel. Elle a ainsi défini cinq catégories de déficiences visuelles numérotées de I à V.

- Les catégories I et II correspondent à ce qu'il est convenu d'appeler la malvoyance. On parle aussi de basse vision ou d'amblyopie ou encore de vision réduite. En tout état de cause, les critères d'évaluation reposent toujours sur une baisse d'acuité visuelle ou sur une diminution du champ visuel :

  • Catégorie I (déficience moyenne) : Acuité visuelle binoculaire corrigée inférieure à 3/10e et supérieure ou égale à 1/10e, avec un champ visuel d'au moins 20°.
  • Catégorie II (déficience sévère) : Acuité visuelle binoculaire corrigée inférieure à 1/10e et supérieure ou égale à 1/20e. En pratique, le sujet compte les doigts de la main à trois mètres.


- Les trois catégories suivantes correspondent à la notion de cécité :

  • Catégorie III (déficience profonde) : Acuité visuelle binoculaire corrigée inférieure à 1/20e et supérieure ou égale à 1/50e, ou champ visuel compris entre 5° et 10°. En pratique, le sujet compte les doigts à un mètre mais ne peut le faire à trois mètres.
  • Catégorie IV (déficience presque totale) : Acuité visuelle binoculaire corrigée inférieure à 1/50e mais perception lumineuse préservée, ou champ visuel inférieur à 5°. En pratique, le sujet ne compte pas les doigts à un mètre.
  • Catégorie V (déficience totale) : Cécité absolue. Pas de perception lumineuse. A fortiori absence d'œil.


B- La définition globale de la malvoyance de Bangkok (OMS, 1992) est une définition pratique de la malvoyance. Un malvoyant est une personne présentant une déficience visuelle (même après traitement et/ou avec correction optique) dont l'acuité visuelle comprise entre 3/10e et la perception de la lumière ou dont le champ visuel est inférieur à 10° autour du point de fixation, mais qui utilise sa vue - ou est potentiellement capable de l'utiliser - pour planifier et/ou exécuter une tâche.

L'amblyope est une personne dont l'acuité visuelle après correction du meilleur œil est inférieure à 4/10e et supérieure à 1/20e. L'amblyopie englobe les catégories I et II de la classification de l'OMS, mais elle dépasse la catégorie I qui correspond à une acuité inférieure à 3/10e.

C- Dans la plupart des pays anglo-saxons, on parle de cécité légale lorsque l'acuité visuelle du meilleur œil est inférieure ou égale à 1/10e et de malvoyance lorsque l'acuité visuelle est inférieure à 5/10e. Cette définition de la cécité inclut donc la baisse de vision (catégorie II) de l'OMS. C'est le cas pour les États-Unis, le Canada ainsi que pour plusieurs pays européens (Pays-Bas, Royaume-Uni, pays nordiques).

D- En Allemagne en revanche, les critères sont plus sévères.

E- En France, la législation (guide barème de 1993) désigne comme amblyope toute personne dont l'acuité visuelle du meilleur œil après correction est inférieure à 4/10e et supérieure à 1/20e. A un degré de plus, si l'acuité visuelle du meilleur œil après correction est inférieure ou égale à 1/10e ou égale à 2/10e en cas d'œil unique, la mention « canne blanche » est apposée sur la carte d'invalidité.
Enfin, si l'acuité visuelle du meilleur œil après correction est inférieure ou égale à 1/20e une carte d'invalidité est délivrée avec la mention « étoile verte ».

A noter qu'actuellement, on parle plus facilement de personne atteinte de cécité ou de non-voyant que d'aveugle ; ce dernier terme ayant une connotation péjorative tendant à englober l'ensemble de la personne alors que seule la vue est atteinte.

Si ces réglementations sont précises, elles cachent une variété d'atteintes. En cas de cécité, il existe une grande différence entre la catégorie V (absence totale de perception lumineuse) et la catégorie IV. En cas de malvoyance, les différences sont encore plus grandes entre les 2 catégories.

Il faut savoir, en outre, que deux sujets ayant la même acuité visuelle, le même champ visuel ou les mêmes performances optiques, peuvent avoir des comportements très différents, l'un utilisant au maximum ses possibilités, l'autre les sous-utilisant, ce qui débouche sur la notion de « vision fonctionnelle ». Qui dit « vision fonctionnelle » dit aussi « rééducation fonctionnelle de la vision ». La vision fonctionnelle est celle qui peut être utilisée en pratique après, par exemple, utilisation des aides optiques ou autres, après aménagement de l'environnement et surtout après la mise en œuvre de techniques spécifiques.

La basse vision ne peut donc se définir par les seules performances visuelles. Elle doit se définir par la déficience visuelle qui peut résulter après rééducation.

Écran précédent